Publié le 28 Mai 2016
Suite du post "Proposition pour ce malheureux Palais du Gouvernement de Nancy" où il a été question :
- de doutes sur la capacité financière de la Ville à réaliser son Projet de rénovation du Musée Lorrain de Nancy, projet global de 100 Millions d'euros ;
- d'une double suggestion d'un abandon du coûteux bâtiment transparent et d'une inversion du tempo des travaux pour commencer par le Palais du Gouvernement;
- d'une proposition d'établir un centre dédié à Henri Poincaré dans une partie du Palais de Gouvernement pour créer une offre muséale nouvelle à Nancy et dans le Grand Est.
Voici pour compléter.
Henri Poincaré, né à Nancy en 1854, est mort en 1912. La Grande Guerre n'a pas gommé son œuvre immense, mais elle a fait oublier la renommée universelle qu'il a pu avoir de son vivant.
Comme le montre cet extrait du discours de Paul PAINLEVE aux obsèques d'Henri POINCARE :
"C'est à vingt-quatre ans, après quatre années de réflexion silencieuse et acharnée, qu'il commence cette série de publications mathématiques dont on ne sait si on doit le plus admirer la surprenante profondeur ou la surprenante fécondité.
Qu'il s'attaque à l'ascension, degré par degré, des vérités du discontinu arithmétique, qu'il démêle l'enchevêtrement des formes géométriques, ou qu'il poursuive dans leurs méandres les plus subtils les caprices des lois continues qui relient une quantité à une autre, il n'est pas un de ses travaux qui n'ait quelque chose de magistral, pas une de ses quinze cents publications qui ne porte la griffe du lion.
A vingt-sept ans, la Faculté des Sciences offrait à ce jeune conquérant sa chaire de mécanique physique. A trente-trois ans, l'Académie des Sciences lui ouvrait ses portes : exemple que suivaient bientôt toutes les Académies du monde entier, car il n'est aucun corps savant d'Europe ou d'Amérique qui n'ait cru s'honorer en s'adjoignant le concours de Henri Poincaré.
Mais les sciences mathématiques n'étaient pour l'illustre analyste qu'un prodigieux instrument de mesure bien adapté à l'étude comparée des phénomènes de l'univers. Cet instrument, il allait le manier lui-même, et avec quelle maîtrise!
A trente ans, il étonne les physiciens par sa critique des principes généraux de leur science ; c'est le début de ces spéculations hardies qui le mèneront, d'année en année, jusqu'au bord même de l'inconnu, jusqu'au problème de la constitution de la matière, jusqu'à cette mécanique paradoxale qu'a suscitée la découverte inattendue des radiations mystérieuses.
Et ce n'est là encore qu'une partie de son activité : géodésie, cosmogonie, astronomie, philosophie des sciences, il a tout embrassé, tout pénétré, tout approfondi. Son oeuvre en mécanique céleste suffirait à sa gloire. C'est elle qui l'a révélé pour la première fois au grand public. Le roi Oscar II de Suède, Mécène des sciences, éclairé autant que généreux, avait ouvert, en 1887, un concours international de mathématique. En 1889, à l'issue du concours, la France apprit avec joie que la grande médaille d'or, suprême récompense du nouveau tournoi, était décernée à un de ses enfants, à un jeune savant de trente-cinq ans, pour une merveilleuse étude de la stabilité mécanique de notre univers ; et le nom de Henri Poincaré devint populaire.
Mais comment énumérer les justes honneurs qui ont marqué chaque année de son existence? De ces innombrables récompenses, celle qui toucha le plus son orgueilleuse simplicité, ce fut le désir de tous les peuples de connaître son enseignement, d'entendre la parole du penseur, ses formules brèves et saisissantes, reliées par des raisons essentielles et qui se hâtent. C'est ainsi que Henri Poincaré a été un missionnaire de la science et de la philosophie aux États - Unis, à Vienne, à Berlin, à Londres. Il n'est sur le globe aucun savant digne de ce nom qui ne se considère à quelque degré comme un de ses élèves."