Publié le 28 Avril 2018
En 2008, dans une tribune libre du magazine de la Communauté Urbaine du Grand Nancy, le groupe Gauche Plurielle affirmait en titre : "La CUGN n'a plus les moyens de ses ambitions". Et à l'appui de ce texte, un graphe de la dette illustrait le propos (voir m/post du 4 janvier 2008). Ce graphe montrait que le niveau de la dette était sur un plateau de 400 Millions d'euros depuis 2002 et ne redescendait pas depuis, alors que (très logiquement), le coût de la ligne 1 (l'actuelle) devait s'amortir après la période d'investissements sur le Tram (1997-2002). Remarque de bon sens et conclusion cinglante qui renvoyait au titre de la tribune.
Dix ans après, la question doit être posée pour la "reconstruction" de la Ligne 1 du Tram (Tramways, BHNS ?).
La dette de la Métropole du Grand Nancy (héritière de la CUGN) est passée de 612 Millions d'euros en 2012 à 692 Millions d'euros en 2016. La capacité de désendettement était de 7 ans en 2012, il se situait à 8,8 ans en 2016 (on allonge, on allonge, merci les renégociations de prêts...).
Si l'on veut regarder sous l'angle de l'extinction de la dette actuelle en 2017, théoriquement nous devrions revenir au niveau de 2008...en 2022 (encours de 423 Millions d'euros). Théoriquement, oui, parce que la réalité est tout autre avec l'investissement à refaire dans la seconde Ligne 1 des transports en commun du Grand Nancy !
Le Rapport d'Orientation Budgétaire 2018 (sans doute déjà obsolète) présente un tableau de l'encours prévisionnel de la dette du 1er janvier 2018 au 1er Janvier 2023. Nous serions actuellement à un niveau de dette de 695 Millions d'euros et nous devrions atteindre le 1er Janvier 2023 (rare de voir un bilan au 1er janvier d'une année !) le niveau de 939 Millions d'euros. Sur cette même période, la capacité d'endettement prévisionnelle devrait passer de 11 ans à 13 ans en 2023.
Plusieurs observations.
Pour sans doute éviter de faire passer le niveau de la dette au-dessus de 700 Millions d'euros, les renégociations de prêts ont été très significatives ces derniers mois. Pas illogique dans un contexte de taux d'intérêts faibles, mais cela signifie en toute logique que les investissements de ces dernières années ne sont pas amortis !
Les chiffres prévisionnels de la métropole pour la période 2018-2023 tiennent compte 1) des investissements futurs dans le Tram (et au passage, évitent d'afficher le méga-pic à attendre pour fin 2023 en lien avec la fin des travaux de la ligne 1 ) et 2) des économies à faire sur les autres budgets pour tenter d'atteindre ces objectifs chiffrés sur le papier. Mais sans compter l'inconnue sur les taux d'intérêt des emprunts à contracter pour ce projet à venir.
Il est indiqué page 13 du ROB 2018 que la part de la Métropole dans les investissements de la Ligne 1 ne peut dépasser un niveau de 206,6 Millions d'euros pour un total de 250 Millions d'euros budgétés. Les chiffres des dernières années démontrent l'incapacité de la Métropole à "amortir" ses investissements sur les 3 dernières années, donc quid de la période à venir !
Alors où trouver les 300 Millions d'euros (sans doute 330 Millions d'euros) annoncés pour la mise en œuvre d'un tramways sur toute la ligne 1 ? Jean-Pierre Dessein, maire d'Ars sur Meurthe, très remonté contre le maire de Nancy, évoque même le chiffre de plus de 400 Millions d'euros...Moins d'investissements certainement, plus d'impôts à l'évidence. Et une dette totalement bloquante pour le long terme : plus d'1 Milliard d'euros d'encours de dette en vue !
Le seul choix économique possible est celui du BHNS. Bien organisé, le réseau pourrait répondre aux besoins collectifs, diminuer la circulation dans la métropole et aller en haut de Brabois, avec la place de la République comme lieu de rupture de charge et non le Vélodrome. Et pourquoi le plateau de Brabois serait-il plus favorisé que le Champ-le-Bœuf ? De plus, ce système pourrait être en place bien plus rapidement que le tramways et sans de monstrueux travaux dans la métropole.
Pourquoi faire une nouvelle Métropole qui ne puisse rien faire pendant 10 ans ?
Au cours des derniers mois, une concertation publique (de qualité) a eu lieu sur le choix de la seconde Ligne 1. J'étais intervenu lors d'une réunion publique à la Mairie de Nancy pour demander, comme d'autres participants, des chiffres précis sur la capacité financière de la Métropole . Le Maire de Nancy a répondu (à l'époque...) qu'il fallait effectivement être attentif à la charge financière du projet.
Paroles si on regarde la suite (Cf. le communiqué du Maire de Nancy et Vice-Président de la Métropole du 20 avril) qui signifie entre 50 millions d'euros et 100 Millions d'euros de coût non budgété pour la Ligne 1 plus 25 Millions d'euros à rajouter pour Nancy Thermal plus 20 Millions d'euros pour le nouveau bâtiment de verre inutile dans le Jardin du Palais Ducal et non compris la nécessaire restauration de l'Hémicycle de la Carrière (patrimoine de l'Unesco à l'abandon) ? Soit un total de 100 / 150 voire 200 Millions d'euros de dépenses pour l'après 2020, après les prochaines élections...
Le concours d'"ambitions" est de retour, la réalité budgétaire devrait plutôt inciter à la responsabilité sur tous les bancs du conseil métropolitain.