Publié le 15 Juin 2019
Il est de bon ton aujourd'hui de critiquer les politiques professionnels, mais reconnaissons-leur une certaine habilité. La pauvre Madame Loiseau, désignée tête de liste par le Président lui-même, s'est fracassée une ultime fois au Parlement européen cette semaine. La politique ne se fait pas comme ça. Il doit y avoir du doigté, de la patience et le sens du vent. Ceci n'est pas péjoratif. L'opinion va aussi dans le sens du vent. Le vent, c'est aujourd'hui la pression des réseaux sociaux qui peut étouffer un vrai sujet, mais qui peut en rendre un autre, central, essentiel.
En politique depuis 30 ans, le Maire de Nancy a fait ces dernières semaines une notable démonstration de ce qu'est la politique. Formé à l'école du dernier Duc de Lorraine, baignant dans les eaux nancéiennes du petit parti radical depuis toujours, il a opéré une manœuvre qui mérite d'être regardée.
Comment glisser d'un camp vers l'autre, comment le faire par touches légères et doucettement floues pour arriver au but sans vagues !
Certes, qui ne dit mot consent n'appartient pas au monde politique. Mais là, aucun mauvais murmure, aucune protestation, aucun cri dans les rangs de la majorité municipale ! Le côté droit approuve ce basculement vers le parti présidentiel. Oublier Sarkozy, Copé et Fillon, effacer Fessenheim, accepter la dépense publique, ne plus s'inquiéter de la dette, penser à quelque chose et en même temps à une autre, etc, etc... Il est vrai que la majorité municipale ne fait aucun bruit depuis le début. Tout a été voté. Et les prochaines élections municipales approchent...
Le système électoral actuel donne à la liste en tête aux municipales une majorité renforcée. Cette situation a pour conséquence de réduire les droits de l'opposition à la plus simple expression. L'opposition est ultra-minoritaire numériquement et sous-informée techniquement. Il n'y a pas eu de débats véritablement ces dernières années, les concertations sont de notoriété publique encadrées, les votes sont acquis sur tout. Nous sommes loin des séances des années 1970 !
Mais, que dire de ce glissement politique sur le plan de gouvernance à Nancy ?
Nancy est une sorte d'enclave de la 4ème République depuis plus de trois décennies. Tels ont été les choix des électeurs évidemment.
Mais ce mode de pouvoir old fashion est-il toujours adapté aux multiples questions qui se posent et aux choix collectifs à faire ? Est-il vraiment en phase avec notre environnement, avec notre monde en mouvement ? Sommes-nous "obligés" de rester dans ce vernis d'une communication cosmétique et ne pas vouloir des réponses durables et transparentes après des débats libres et approfondis ?
A la recherche d'une gouvernance moderne de la Cité en un mot...