Publié le 7 Avril 2019
A l'alerte lancée par les syndicats de SAINT GOBAIN PAM, la CFE-CGC en tête, d'un projet de cession de la branche PONT A MOUSSON à des investisseurs chinois, il faut mettre en parallèle, cette même semaine, deux autres événements.
Le premier est l'inauguration de l'Institut Jean Lamour à Nancy, bel ensemble qui regroupe plusieurs laboratoires et qui mérite bien les flashs et les congratulations.
Le second est le départ, le 4 avril 2019, d'un train de fret de 610 mètres de long du Luxembourg pour Chengdu, capitale de la province chinoise du Sichuan et ville hub du réseau ferré chinois vers la Russie, l'Allemagne et le Luxembourg, donc la France. Le trajet dans ce sens est une malice politique qui vise à corriger les interrogations multiples sur les routes de la Soie. Le Luxembourg joue sa propre carte sur ce plan, après avoir massivement utilisé le passeport financier européen.
Il ne s'agit pas de dénoncer l'opportunisme de nos voisins et amis. Il est par contre indispensable de réagir et de défendre nos propres intérêts économiques. Pont A Mousson a une histoire forte en Lorraine depuis 1856, mais elle a surtout une base industrielle et sociale importante dans le triangle Pont-Nancy-Toul. C'est la plus grosse entreprise industrielle privée de notre secteur.
Les élections européennes (et autres) sont l'occasion de mettre sur la table ces questions économiques majeures plutôt qu'un béat pro-UE et/ou un bête anti-UE.
Lors de la prise de contrôle d'ARCELOR par MITTAL (groupe familial indien - non étatique, à la différence des groupes chinois), les voix françaises ont été impuissantes à défendre les intérêts français parce que l'actionnariat français dans ARCELOR était ultra-minoritaire. Le siège du groupe ARCELOR MITTAL est à...Luxembourg.
La situation de PAM est différente sur le plan capitalistique, mais elle peut avoir les mêmes répercussions. La perte des racines lorraines de l'entreprise est un danger majeur pour tous.
Le sénateur Olivier JACQUIN et le député Dominique POTIER sont intervenus rapidement. Il faut aussi répondre à l'appel des syndicats de PONT A MOUSSON dans leur mobilisation pour l'emploi lorrain, pour le maintien de ce groupe dans la sphère française et pour lutter contre le dumping des groupes chinois.
Il est étonnant de ne pas voir de réactions fortes et structurées des responsables du Grand Est ou du Grand Nancy ou du CD 54 ou de la CCI de M. & M. (CCI qui doit pourtant beaucoup à PAM S.A.).
Il est toujours sympathique et joyeux de voir une belle inauguration qui aide au rayonnement de notre région, mais si notre région perd un fleuron industriel (dépositaire de centaines de brevets), le beau laboratoire universitaire de premier plan devra chercher plus loin des soutiens industriels ou se tourner vers la sphère publique pour obtenir des financements, et l'on sait ce que cela signifie dans un pays endetté (comme dans notre métropole…).
Comme toujours les regards se tournent vers Bercy. Mais pris entre la pression chinoise et la stupide idée d'abandonner les "vieilles industries", Bercy n'écoutera qu'une action massive à Nancy comme à Pont-à-Mousson et à Toul mais aussi à Strasbourg.
La Lorraine ne peut pas continuer à perdre son pouvoir économique.